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1 septembre 2019

CCC 2019

COUMAYEUR – CHAMPEX – CHAMONIX 2019

Jeudi 30 (la veille)

Après-midi dans les rues de Chamonix pour humer cette ambiance si particulière de ce dernier week-end d’août dans la Capitale du Mont Blanc, une ambiance exclusivement dédiée à l’ultra-running. Petit tour au Salon de l’UTMB, la Mecque du trail, et retrait du dossard. Je serai le N°5120.

Retrouvailles de Matthieu (Des Bosses et des Bulles), de Sylvain (Wider Outdoor) et de Φanassis (un ami grec) à l’Alibi Bar.

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Couché tôt dans le Duster aménagé pour la circonstance en camping-car. Sommaire mais bien pratique.

Vendredi 31 août - Jour J

Réveil vers les 5h. Habillage en tenue de course + affaires chaudes par-dessus.

Navette à 6 h à Chamonix pour Courmayeur. Petit-déjeuner à bord (tranche de cake + banane + boisson d’attente).

7h à Courmayeur. Déjà beaucoup de monde déversé par le flot de navettes ininterrompu. Nous serons 2200 partants sur cette CCC.

8h30, sas de départ. 3 vagues où les coureurs sont classés selon leur côte ITRA. Sans surprise je suis dans la dernière vague, juste devant les 2 serre-files.

8h45. Musique, hymnes nationaux, briefing que personne ne semble écouter… tout ça en 4 ou 5 langues.

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9h. Départ première vague des élites. 9h30. Départ de la 3ième vague, la mienne.

Traversée, en trottinant, de Courmayeur par ses ruelles bondées de spectateurs qui hurlent des « Bravo ! » et des « Forza ! » à en perdre leur voix. Dès la sortie de la ville, là où commence le sentier monotrace qui monte à la Tête de la Tronche  (1400 m de D+ à grimper), un énorme bouchon s’est formé. Nous sommes arrêtés ou marchons au pas à une vitesse très lente. Je rencontre 2 grecs, Giorgos et Aristomenis, avec qui nous discutons Zagoria et Olympus Marathon.

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Ça râle dans le peloton de queue. Tous les Français qui m’entourent évoquent la Maxirace 2019 !... Trop de monde ou début de parcours trop étroit pour absorber ce flux dense de coureurs ?... Ce rythme très lent va se prolonger pendant 13 kms, jusqu’au refuge Bertone. Je prends mon mal en patience, peste un peu (beaucoup)  car je suis vraiment en sous-vitesse ; impossible de doubler, d’accélérer. J’arrive à Bertone vers les 13h, après 3h30 de marche (1h15’ de plus qu’en 2009, sur cette même CCC…).

Au refuge, plein d’eau, quelques TUC et je repars aussitôt. A la sortie du ravitaillement, il est enfin possible de trottiner à nouveau, jusqu’à la prochaine étape : le refuge Bonatti que j’atteins vers les 14h15. J’ai l’impression que la course démarre maintenant. Les sentiers sont plus larges, on peut suivre les coureurs qui précèdent en courant, voire les doubler si besoin. Je ne m’enflamme pas pour autant, je reste prudent. Je me rends compte que la mésaventure du départ (les 10 kms de bouchon) est, en fait, une formidable opportunité pour moi !... Depuis que je cours des ultras, je ne suis jamais parvenu à commencer la course lentement ; à chaque fois, j’ai tendance à m’enflammer un peu… et je le paie souvent cash au bout de 15/20 kms… Là, au kms 21, je me sens bien. Le bouchon du départ m’a obligé à partir lentement et j’en ressens les bienfaits maintenant. J’ai juste cette 1 h de retard sur 2009 qui me chagrine un peu…

Descente sur Arnuva dans la bonne humeur, avec une bande de joyeux drilles de Montpellier. Le segment Bertone-Arnuva me parait bien plus long qu’en 2009, pourtant c’est exactement la même distance.

À Arnuva, gros ravitaillement. Il fait très chaud. Bouillon de riz salé, thé chaud, TUC, saucisson, bananes. Plein des gourdes. Et j’attaque, vers les 15h20, la raide ascension du Grand Col Ferret. Contre toute attente, je monte bien. Je double pas mal de concurrents qui, épuisés, se rangent et s’assoient sur le côté. Je mouille ma casquette à chaque ruisseau traversé. La vue sur les sommets environnants est sublime : Dent du Géant, Grandes Jorasses aux glaciers éblouissants sur fond d’un ciel bleu métallique. Les prairies d’altitude foisonnent d’épilobes roses.

J’arrive au col. Je ne m’attarde pas longtemps au sommet car il y souffle un sacré vent.

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Derrière, c’est la Suisse. Une longue descente de 10 kms vers La Foully. J’ai un soupçon d’inquiétude car c’est dans cette descente (lors de ma CCC de 2009 et UTMB de 2015), à 30 kms de course, que mes genoux m’avaient fait souffrir. Pour la première fois, depuis une 10aine d’années que je fais des ultras, je n’ai pas mis de taping (bande adhésive de contention qui enserre les genoux pour maintenait la rotule et diminuer la douleur).

Je descends tranquillement en préservant mes quadriceps et mes genoux, en me fiant aux conseils d’Olivier Garcin, un podologue de Chamonix rencontré récemment. Ses conseils sont élémentaires mais fonctionnent bien jusqu’à présent. En résumé : être à l’écoute de son corps, de ses sensations. Ne pas vouloir absolument maitriser ses appuis au sol. Quand on a les mollets qui tirent un peu trop, on passe en « appui talons, tronc rabaissé », quand on a des douleurs dans genoux ou sous le pied, on passe en « appui avant ou médio, dos droit, épaules ouvertes, respiration ample ». Du coup, j’ai délaissé mes ALTRA Olympus (Elles sont trop « drop zéro » pour moi malgré une progressivité respectée et un confort inégalé) et j’ai chaussé mes LA SPORTVA Akasha.

Le chemin est poussiéreux. Shorts, chaussures et mollets sont recouverts de terre.

La descente se passe bien, j’arrive à La Foully vers les 18h. Je marque une pause d’un quart d’heure, me gavant de tranches de pastèque.

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Côté « nourriture », en course je ne mange que des barres BAOUW en respectant le protocole de 1 barre à l’heure environ. Côté boisson, eau claire seulement (pas de boisson isotonique, ni mélange eau-coca). Par contre, aux ravitos, je mange tout ce qui traîne mais en petite quantité, surtout du salé pour contrebalancer le sucré des barres.

Je quitte La Foully en compagnie de Maeva, une coureuse bretonne, et nous courons ensemble, à un bon rythme, jusqu’à Praz le Fort, discutant de nos courses respectives. Ça fait du bien de pouvoir parler en courant sur cette portion longue et monotone.

J’attaque la montée à Champex avec entrain, doublant des coureurs qui marchent lentement. Je remonte dans le classement. Bien que cela ne soit aucunement le but recherché, cela fait tout de même du bien au mental.

L’ascension est raide, en lacets, mais jambes et souffle répondent bien. J’arrive à Champex qui marque le milieu de la course. « Encore autant à faire !» pour les pessimiste ; « Plus qu’autant à faire ! » pour les optimistes !...

Il est 20h30, la nuit vient de tomber.

La base de vie de Champex est bondée. Difficile de trouver une place pour s’assoir. Je décide de ne pas m’éterniser. Je bois un bol de soupe salée, un thé chaud, quelques victuailles salée ; change de tee-shirt, enfile un bonnet et installe ma lampe frontale. Je repars 20 minutes plus tard sec et repu.

Je longe le lac plongé dans la pénombre et entame une longue transition qui va nous conduire au Col de la Giète. Là, je rencontre Dimitrios, un grec de Ioanina qui court le TERA chaque année. Nous grimpons la pente ensemble, doublant un nombre important de coureurs. Mes jambes sont légères. Pour l’instant, et ce depuis le début, je me sens en super forme.

Des éclairs zèbrent la noirceur du ciel mais il ne pleut pas. Nous allons peut être éviter les averses suisses annoncées ce matin. Il est 23 h mais il fait encore très chaud. Ceux qui ont enfilé une veste en sortant de Champex la range dans leur sac. Je quitte Dimitrios avant le col, ce dernier devant changer la batterie de sa frontale et ne voulant pas que je l’aide ou l’attende.

Le ravito liquide du Col de la Giète est en fête. Musique tonitruante et feu de bois géant à l’extérieur.

Longue descente vers Trient avec un final casse-pattes dans des marches d’escaliers verticales. Il est minuit. Il y a beaucoup de spectateurs courageux pour nous applaudir et nous encourager.

Après Trient, tout le monde sait qu’il reste 2 grosses difficultés. La montée aux Tseppes et la montée de la Tête aux Vents. J’attaque la première avec un peu moins d’énergie que les précédentes mais, même si j’avance moins vite, je reste combattif. La pente est sévère, elle s’élève rapidement dans la montagne noire. S’en suit la longue descente sur Vallorcine, avec ses larges lacets.

J’arrive à Vallorcine vers les 2h30. Je marque une bonne pause. J’en profite pour changer, par superstition, la batterie de ma frontale. Je repars du ravitaillement, 15’ plus tard, bien reposé.

La transition, le long de la rivière, jusqu’au chalet des Aiguilles Rouges me parait très longue. Plate et longue. Interminable.

Et, là, dans la nuit profonde, mon regard est attiré par une ligne interrompue d’éclats de frontales qui s’élève vers les hauteurs. La Tête aux Vents est là-haut. Tout là-haut. Je m’arme de patience mais j’accuse le coup et ralentit la cadence. Je me colle au cul d’un Espagnol et avance lentement derrière lui jusqu’en haut. En chemin, j’enfile ma veste UD car une bise glaciale s’est levée.

Puis, il nous faut trottiner dans les blocs caillouteux pour finir sur un chemin qui nous mène au point de contrôle de La Flégère. J’y arrive à 5h30. Un verre d’eau et j’entame la descente, la dernière. Je retrouve mes jambes et cours à bonne allure.

6h et quelques, je rentre dans Chamonix. Il y a déjà du monde sur la place du Triangle de l’Amitié.

6h38’, je passe l’arche d’arrivée, épuisé par ces derniers mètres en accélération mais ô combien heureux !... Au final, je mets 30’ de moins qu’en 2009, sur le même parcours, malgré le bouchon du départ.

J’assiste, hébété, à l’arrivée de quelques concurrents, récupère mon sac de délestage laissé à Courmayeur au départ, et pars m’endormir 1 heure dans ma voiture.

 

Cette course m’aura réconcilié avec les ultras. Avec une bonne gestion du départ (même si indépendante de ma volonté), une écoute attentive de mon corps, un respect de l’alimentation carburative, je suis arrivé au bout de cette longue cavalcade autour du Mont Blanc, en prenant un plaisir extrême au fil des kilomètres tant je me sentais bien à arpenter ces montagnes. Tant je me sentais à ma place…

 

100 kms / 6100 m D+ / 21h06’ / 599 ième sur 2100 / 43ième V2H

Bravo à mes compagnons de fortune. À Maeva (24h28’), Dimitrios (22h58’), Giorgos (23h47’), Aristoménis (26h34’) et à mon ami Thanassis qui, lui, était sur l’UTMB (44h42’)

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7 octobre 2018

ULTRA MONT-BLANC

PMB ro

En général, les projets d'envergure se préparent longtemps à l'avance pour en mesurer les difficultés et, ainsi, mettre un maximum de chance de réussite de côté... ou bien, on profite d'une opportunité qui s'offre à vous : un copain bien entrainé et super motivé, une belle fenêtre météo,...

Le vendredi 14 septembre, avec mon collègue Luc, nous nous lançons dans l'ascension du Mont-Blanc. Le projet étant de réaliser cette ascension en  ONE SHOT, depuis le parking de Bionnassay (au dessus de Saint-Gervais), sans halte au refuge. Un projet ambitieux qui demande une bonne condition physique et une détermination à toute épreuve.

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       Luc (à gauche) / Jean-Luc (à droite)

Résumé de l’ascension en mode télégraphique.

21h. Départ du parking de Bionnassay (1300 m altitude) par le chemin de l’Are, à la lueur des frontales car la nuit vient de tomber et au son des lugubres brames des cerfs. Nous longeons le glacier de Bionnassay et jardinons un peu dans les ténèbres. Nous marchons avec nos grosses chaussures de randonnée. La nuit est fraiche mais pas froide. Nous sommes en tee-shirt.

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23h30. Passage au Nid d’Aigle. Nous poursuivons en marchant toujours d’un pas alerte. Le poids du sac à dos (11kg) ne pose pas de problème. Le ciel est dégagé, milliers d’étoiles qui scintillent. Tout proche, résonne le vacarme des séracs qui chutent dans le glacier de Bionnassay .

0h00. Nous faisons une halte barre énergétique BAOUW à la Baraque des Rognes. Et enfilons un vêtement « manche-longue ».

01h30’. Nous passons le Refuge de Tête Rousse. Pas d’activité. Juste quelques alpinistes qui se réveillent ou déjeunent devant leur tente.

01h45’. Nous nous préparons à traverser le fameux Couloir du Goûter. A cette heure trés matinale, cela  devrait être tranquille (ici, les chutes de pierres sont dangereuses lorsque le couloir est exposé au soleil). Sauf que, n’en déplaise à Donald, le dérèglement climatique est bel et bien réel. « C’est un problème de permafrost qui ne joue plus son rôle de ciment» avancent les spécialistes. Alors que nous devisons à l'entrée du couloir, une pluie torrentielle de cailloux s’abat sur nous. Nous nous mettons à l’abri derrière de gros blocs rocheux mais je me fais heurter à la fesse par une pierre de la taille d’une assiette. Hématome et pantalon déchiré sur 20 cm… Ceci n’entame pas notre motivation et à la première accalmie venue, nous passons de l’autre côté. Nous grimpons-escaladons les rochers chaotiques qui meublent la face. Luc, en super forme physique, me suit en silence. Quant à moi, j’accuse un grand coup de fatigue et commence à ressentir les premiers signes du mal des montagnes. Je ralentis le rythme pour  privilégier l’acclimatation à la rapidité de l’ascension.

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04h00’. Nous débouchons à l’ancien refuge du Goûter. Longue pause mise à profit pour récupérer, nous alimenter, boire, revêtir une troisième couche (une brise glaciale s’est levée) et nous équiper (crampons, baudrier, piolet à la place des bâtons de marche et encordement).

04h45’. Nous passons devant le nouveau refuge du Goûter. Des alpinistes se préparent. Une longue guirlande de frontale dessine la trajectoire que nous allons emprunter sur le Dôme du Goûter. Les points lumineux se confondent avec les étoiles qui tapissent la voûte céleste. Nous formons désormais une cordée, une cordée unit pour le meilleur et pour le pire. L’ascension du Dôme est progressive mais j’avance lentement, très lentement. Je respire pleinement pour apporter le peu d’oxygène contenu dans l’air à mon organisme. Derrière moi, Luc me motive. Ses encouragements m’aident à garder notre objectif en tête et éloignent toutes pensées négatives.

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06h45’. Nous atteignons l’abri Vallot. Le soleil se lève et rosit les faces. Nous enfilons nos moufles et grignotons des barres BAOUW. Une brise légère mais froide nous fouette le visage. Nous gravissons, lentement, l’Arête des Bosses et, à chaque pas, je sens la forme qui revient. Nous dépassons des cordées à bout de souffle. Passage d’un bloc de glace et d’une crevasse équipés d’une corde fixe. Il fait grand jour maintenant. Le ciel est bleu métallique. Les fonds de vallées sont noyés dans les nuages. Des à-pics impressionnants plongent de part et d’autre. Nous nous sentons infiniment petits sur cette fine crète. Le spectacle est saisissant. Dernière difficulté avec cette antécime qui n’en finit pas. 

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08h30’. Nous atteignons le sommet. TOP OF EUROPE !... Moment exceptionnel dont nous mesurons pleinement l’étendue. Nous sommes arrivés à destination. 360° de bonheur. Longue pause de 30’ (ce qui est rare sur ce sommet en général balayé par des vents glaciaux). L'émotion est à son comble. La vue est complètement dégagée sur les massifs montagneux environnants. Je m'accorde un moment de recueillement, un moment de discussion, seul à seul avec mon père Roger qui a désormais élu domicile en ce haut-lieu...

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09h00’. Nous attaquons la redescente. La marche est plus légère, détendue. Nous demeurons toutefois très vigilants. Une chute, en cet endroit, ne pardonne pas…

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10h15’. Passage devant l’abri Vallot. La remontée au Col du Goûter est difficile, nos jambes accusent la fatigue. Descente du Dôme en toute tranquillité. Nous passons devant des crevasses aux gueules béantes que la noirceur de la nuit nous avait dissimulés à la montée. Nous tapissons nos visages de crème solaire.

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11h30’. Longue pause à l’ancien refuge du Goûter. Dés-encordement, dé-cramponnage. Nous rangeons corde, baudrier et piolet dans les sacs. Nous nous alimentons et buvons abondamment. Nous enlevons une couche de vêtement. Il fait une chaleur incroyable.

12h00’. Descente des blocs du Goûter en nous servant des mains courantes métalliques qui jalonnent la moitié du parcours. Sur le côté des dizaines de cailloux dégringolent en ricochant... Nous croisons beaucoup de cordées (qui montent et descendent) ce qui ralentit énormément notre progression.

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14h00’. Il nous faut attendre une accalmie entre les chutes cycliques des pierres pour traverser le couloir. Toutefois, nous passons rapidement sans problème.

14h30’. Pause au niveau du glacier de Tête Rousse. Nous nous remettons en tee-shirt. Des gendarmes interdisent l’accès aux alpinistes qui se rendent, sans réservation, au refuge du Goûter. La limitation de l’accès au sommet n’est pas une légende…

15h00’. Baraque des Rognes. J’ai retrouvé une forme physique relative ; par contre Luc accuse le coup, ses jambes sont explosées.

16h00’. Nid d’Aigle. Nous décidons d’un commun accord de boucler notre ascension et de rejoindre le parking à pieds, délaissant les séduisantes sirénes du Tramway du Mont-Blanc qui s’apprête à descendre…

17h00’. Nous atteignons le parking de Bionnassay. Fourbus mais heureux aux anges.

Sur le chemin du retour, nous relachons enfin la pression. Nous parlons de tout et de rien, très peu de l'ascension. Nous ne réalisons pas vraiment ce que nous venons de réaliser. 20 heures de rando, 40 kms, 3500 mètres de dénivelés positifs et négatifs... Un truc de malade !... Ivres de bonheur, nous planons entre terre et ciel, nous flottons sur un petit nuage. Le corps dans la voiture mais la tête encore là-haut... Le retour sur Terre s'annonçait difficile... 

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BAOUW

 

 

 

 

5 août 2018

TERA ZAGORI ULTRA TRAIL

ZMR LOGO

J + 3 /  KARAVOSTASI ( MAGNE - SUD DU PELOPONNÈSE)

Assis à l’ombre d’un tamaris, les jambes surélevées contre un muret, mon regard se noie dans  la baie de Liméni. La surface de la mer scintille de mille éclats. Elle est d’un bleu nacré, illuminé, moiré. Un bleu marbré de veinules roses. Un bleu unique. Un bleu 100% hellénique.  C’est la lumière du soleil – la fameuse fos tou iliou grecque – qui sublime les paysages en les bombardant de photons.

Je suis épuisé. Vidé. Je sens que j’ai besoin de recharger les batteries, de reprendre du poil de la bête… Besoin de récupérer, besoin de me reconstruire… et je suis assurément au meilleur endroit pour ça.

Il souffle une légère brise marine qui me renvoie un mélange d’odeurs d’iode, de figues sauvages et de grillades de la taverne du coin. L’énorme poulpe grillé au vin blanc, accompagné de gigantes et de bamiès, m’a bien rassasié. Des bruits étouffés me parviennent de toute part : le ressac des vagues, les stridulations ardentes des cigales, les cantiques d’un pope psalmodiant des prières, une radio laissée allumée qui distille du Nikos Papazoglou… Toutes ces complaintes, loin d’être discordantes, m’apaisent, me reposent, me bercent … m’emportent au loin… Mes yeux sont plongés dans l’immense golfe irisé qui me fait face mais mon esprit vagabonde encore dans les montagnes Zagariotes…

Depuis que la course est finie, des images dotées d’un réalisme troublant, m’assaillent … Je pressens qu’elles vont encore m’habiter pendant quelques temps encore. Peut-être même pour toujours tant ce que nous y avons vécu fut exceptionnel…

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Le TERA est le format ULTRA (*) de la Zagori Mountain Running ; un trail qui se déroule depuis 8 ans dans les montagnes de l’Epire - Nord-Ouest de la Grèce - non loin de la frontière albanaise. L’ultra TERA est limité à 200 coureurs. 95% de Grecs et 5% d’étrangers, dont moi cette année, unique représentant de la France sur cette distance.

Coureur d’ultra depuis une dizaine d’années et inconditionnel absolu de la Grèce, je ne pouvais rater ce rendez-vous plus longtemps. Les mensurations du TERA ; 80 kms et 5 100 m de D+ ; ne m’inquiétaient pas outre mesure. A quelques mètres près, cela me rappelait le Tour des Glaciers de la Vanoise ou la Maxirace d’Annecy, courses que j’avais courues dans un passé proche avec plutôt  de bons ressentis. Mais ces comparaisons arithmétiques, toutes rassurantes fussent-elles, me faisaient oublier deux points essentiels. Le premier : que cet ultra se déroulait en Grèce… et, le second : qu’il s’appelait : TERA !... En grec, TERA est le diminutif de « térastio » : ÉNORME. Ces 2 points allaient grandement changer la donne…

JOUR J /  TSÉPÉLOVO ( ZAGORIA - ÉPIRE)

AVANT LE DEPART 1

Samedi 21 juillet, à 4h 30 du matin, les explosions d’un feu d’artifice illuminaient les ténèbres. Le départ était donné. À la lueur des frontales, nous quittions le village de Tsépélovo et nous nous dirigions vers l’Avalos, un premier haut col encore constellé de névés. Le long voyage commençait alors.

16 heures plus tard, je traversais le centre de ce même village sous les acclamations exaltées de centaines de personnes amassées sur la place pour fêter l’arrivée des coureurs un verre d’ouzo ou de Mythos à la main.

J’étais parvenu au bout. Au bout du voyage. J’étais fatigué. Fatigué mais heureux. Un proverbe grec dit « qu’il faut faire de chaque jour, un beau voyage »… Aujourd’hui, j’avais accompli un très long et très beau voyage !...

Un de ces voyages qui ne laisse pas les voyageurs indifférents, insensibles. Un voyage éprouvant avec - au propre comme au figuré - ses hauts et ses bas ; avec son lot d’exotisme, de dépaysement ; avec ses inévitables parenthèses philosophiques ; avec ses improbables rencontres que seuls les voyages au long cours savent improviser.

PREMIÈRE MOITIÉ DU PAROURS  /  TSÉPÉLOVO – MÉGALO PAPIGO

La première moitié du parcours – de Tsépélovo à Mégalo Papigo – possède un caractère montagnard très marqué. Le TERA se faufile dans de vrais paysages de montagne, paysages qui n’ont rien à envier à nos Alpes ou Pyrénées. Monotraces sinueux, sommets élevés, cols ventés, crêtes effilées, névés persistants, passages chaotiques avec leurs amoncellements de blocs, sentiers en balcon, gorges profondes, lacs, chamois, rapaces et… ours !... (***)

Des paysages qui vous subjuguent, vous exhortent à la contemplation tant ils sont imposants d’immensité, de verticalité et de beauté.

Dans l’ascension sévère de Davalistas nous conduisant au lac de Drakolimni, Pavlos – le Spartiate à côté de qui je marchais - ne cessait de s’émerveiller, de s’extasier avec ses « Oraia ta matia » (expression typiquement grecque, littéralement : « Magnifique pour les yeux ! »…)

1

C’est arrivé à ce Lac de Drakolimni que je réalisais vraiment que j’étais en train de courir en Grèce.  Que mon rêve était en train de s’exhausser. Que je devais en être pleinement conscient. Ce lac est magnifique, couleur émeraude, posé tel un rubis dans un écrin, face au sublime massif de l’Astrakan dont les cimes découpent l’horizon sur fond de ciel bleu électrique. Je m’attardais quelques secondes pour immortaliser ce moment au fin fond de ma mémoire et reprenais la course… le chronomètre tournait !…

          1ER COL AVALOS  AMBIANCE 2

La course s’est déroulée telle une odyssée homérique. Les Ulysses d’un jour que nous fûmes, déterminés à rentrer à bon port, affrontèrent épreuves sur épreuves ; des épreuves qui ont mis à mal les organismes et les esprits les plus fragiles.

En tout premier lieu, la chaleur. Une évidence !... Il fait très chaud l’été en Grèce, c’est bien connu !... Mais, là, c’est une véritable fournaise qui nous a écrasés. Entre 35 et 37 degrés par moment. Les passages en forêts, les pentes exposées et le fond des gorges étaient suffocants. Par moment, j’avais de sérieuses difficultés à respirer tant l’air me paraissait être épais comme du yaourt. Les cigales s’en donnaient à cœur joie. L’organisation, prévenante, avait multiplié les points d’eau, de sorte que personne ne soit démuni. J’ai bu plus de 12 litres d’eau dans la journée. Et transpiré tout autant…

Comme autres épreuves infligées par les Dieux de l’Olympe pour agrémenter notre voyage et tester notre ténacité, nous avons dû affronter les « pano /kato » (« montées/descentes ») s’enchainant à un rythme continu dans de sévères déclivités. Nous avons dû braver les mouches voraces du Tymphi. Il nous a fallu résister aux tentations du lac de Drakolimni nous encourageant à la baignade (certains coureurs ont craqué…). Il nous a fallu, au refuge EOS, résister à la tentation de ne pas nous arrêter définitivement tant la table du ravitaillement était approvisionnée de victuailles alléchantes…

         BALISAGE TERA  CHAPELLE GORGE VIKOS

Les ravitaillements grecs sont surprenants. Ici, pas de bananes, Tuc, raisins secs, oranges et autres tranches de saucisson,… mais des pommes de terre bouillies, des kritharaki (pâtes traditionnelles grecques), du miel local et des karpouzakia (morceaux de pastèque) à profusion… Disposés à plusieurs endroits, de grands bocaux remplis de sel fin dont les coureurs se délectaient comme si c’était du sucre. Côté boissons, l’eau minérale locale de Zagori fut largement plébiscitée.

C’est dans les environs du refuge de montagne EOS – Katafirio Astrakas – que nous avons retrouvé les coureurs du 44 kms (****) qui évoluaient, eux, en sens inverse de nous sur une distance de quelques kilomètres. Malgré l’étroitesse du monopati (« chemin »), les croisements se faisait dans un très bel esprit de camaraderie. Les « bravo ! », « kalo dromo ! » (bonne route !), « kali ipitihia ! » (bonne chance !), « andé couragio !» (allez, courage), « sévasmos !» (respect !) … fusaient de toute part….

Après une très longue descente « casse-pattes », la traversée du typique village de pierres de Mégalo Papigo annonçait le milieu du voyage.  

Mégalo Papigo est un vrai oasis. Les bénévoles, élevés à la filoxénia (hospitalité érigée, depuis des millénaires, en vertu suprême en Grèce) étaient chaleureux. Ils se précipitaient pour nous aider, pour remplir nos gourdes, nous asperger d’eau, nous proposer pâtes et autres agapes. C’est ici que nous attendaient les drop-bag. Tous les coureurs faisaient ainsi une grande pause récupératrice, s’alimentaient copieusement, changeaient leur vêtement, profitaient de la famille et des amis et famille venus les encourager.

C’est à Mégalo Papigo que je retrouvais Cathy – mon « assistance personnelle » – qui s’occupa de moi comme si j’étais classé dans le Top Ten. Je me restaurais de plusieurs bols de pâtes Melissa, d’énormes tranchasses de pastèques, j’enfilais une paire d’Injinji sèche et rechaussais mes Altra Olympus. Surtout ne pas succomber plus longtemps aux mélodieux chants des sirènes qui vous accapareraient ici toute la journée… Il était temps de reprendre la course… le chronomètre tournait toujours !...

          CHAMOIS GRECS 2  AMBIANCE 3  TROUPEAU TIMFY 2

SECONDE MOITIÉ DU PAROURS  /  MÉGALO PAPIGO - TSÉPÉLOVO

A la sortie de Mégalo Papigo, le chemin longe la chapelle du Profitis Illias, le saint protecteur des montagnards. Chaque Grec qui passait devant – qu’il soit coureur, bénévole ou accompagnateur – se signait 5 ou 6 fois d’affilé. C’est a se demander s’ils ne tirent pas leur force et leur combativité de leur foi inébranlable ?... (*****) .

Après une longue descente en lacets, le chemin remonte les gorges de Vikos, gorges les plus hautes du Monde (dixit Guiness Book Record).  Je me sentais plutôt en pleine forme. La grande pause de Mégalo Papigo m’avait bien requinqué.

Je courais alors en compagnie de Michaelis - un des nombreux sosies de Krupicka.

GORGES DU VIKOS

Au fond de la gorge, le sentier redevient plat. Il côtoie la rivière qui, l’été, est juste agrémentée de gros blocs rocailleux et de quelques vasques d’eau croupie. Avec Michaelis, n’échangeant que peu de mots, l’un entrainant l’autre, nous cavalions comme des lièvres, comme des anges ailés survolant le tracé sans effort. Comme si nous commencions à peine la course. Quel bonheur que d’arpenter ce chemin, tantôt à l’ombre, tantôt dans le brasier. Tantôt au paradis, tantôt aux enfers.

Mais, au bout de 5 kilomètres ainsi courus d’une foulée alerte, nous fûmes tous les deux frappés par un abattement aussi soudain que violent. Nous payions cash notre enthousiasme démesuré… Nous dûmes, la mort dans l’âme, ralentir l’allure puis marcher. Lentement. Très lentement.

Tandis que, à bout de souffle, je déplorais la situation, pleurnichant sur mon sort, maudissant mon ardeur irréfléchie et hypothéquant une suite des plus harassantes, Michaélis, lui, voyait les choses tout autrement.

ll me distilla alors des  paroles que je ne suis pas prêt d’oublier, des paroles dignes d’un moine bouddhiste vivant en ermite sur les hauts-plateaux himalayens… (Michaelis avait fait des études d’architecte à Paris et parlait remarquablement bien le français)

EX VOTO GREC

« Rien ne sert de se lamenter… Nous devons endurer !... De tout temps, le Grec endure ! C’est ça façon à lui de lutter contre les évènements, contre les éléments. Endurer, c’est combattre sans se battre. « Sans peur, ni espoir mais en totale liberté » comme le clamait Nikos Kazantzakis, l’écrivain crétois. Le Grec endure car il sait, par expérience, que les choses ; qu’elles soient mauvaises ou bonnes ; sont éphémères. Là, nous ressentons un petit coup de fatigue parce que nous avons dévalé le début de la gorge comme de fougueux kri-kri (chèvres sauvages) mais… dans quelques temps… la forme reviendra. Sois en certain !... La vie est ainsi faite !... Après une montée, si longue et raide soit-elle, il y aura toujours une descente ; après une sensation de soif, il y aura des pastèques pour se désaltérer ; après un tronçon couru en solitaire, tu rencontreras un concurrent qui deviendra vite un compagnon de route… Alors, dans les durs moments, réjouis toi car ces derniers sont en passe de se terminer bientôt… »

Tout en parlant, Michelis continuait de marcher et de sourire. Il semblait habité par une force mystique. Je me contentais de l’écouter, essayant de mémoriser ses paroles éclairées pour les tenter de les retranscrire plus tard.  Sa philosophie de l’impermanence était empreinte de sagesse et pleine de bon sens. Discrètement, j’ingurgitais tout de même deux barres BAOUW à la cerise car, sur le moment, je croyais plus en elles qu’en l’impermanence des choses ou en une quelconque intervention divine.

La suite du parcours donna raison à la sagesse grecque en général et à Michaelis en particulier (et surement aussi au pouvoir énergétique de mes barres…). Juste avant l’abrupte montée menant à Monodendri, je commençais à retrouver énergie et ferveur.  Michaelis, mon compagnon de fortune (et d’infortune), préfèra, lui, marquer une longue pause au pied de la grimpette avant de s’y engager. J’hésitais quelques secondes à rester avec lui, mais il était temps de reprendre la course… le chronomètre continuait, lui, à tourner !...

              GORGES VIKOS 1  

Après les villages de Monodendri, Vitsa et Dilofo, le chemin déboucha sur la vallée des ponts byzantins. De magnifiques ponts de pierres à arches – Capetan Arkoudas, Kokkori, Milos, Kipi – qui enjambent des ruisseaux asséchés, fiefs des gros lézards verts. Arrivé au village de Kipi, il ne restait plus qu’une dizaine de kilomètres à parcourir mais, à nouveau, j’accusais le coup. Plus de jus. Plus d’énergie. J’étais « péfénos » (« mort »). La montée sèche sur Kapetsovo s’annonçait des plus ardues.

             PONT DES ZAGORIA 3

J’étais alors rejoins par Anastasios. Lui aussi parlait très bien le français et ce avec un curieux accent chantant du Sud. Il m’apprit qu’il venait d’Athènes et, qu’en 2015, il était venu en France courir l’UTMB. Le hasard veut que j’ai moi aussi couru cette édition de l’UTMB. Nous tenions là un sujet de discussion intarissable… Sauf que, exténué, essoufflé, je n’arrivais pas à poursuivre la conversation avec lui. Je lui expliquais alors que, depuis Dilofo, j’étais épuisé et que, étant donné ma vitesse de marche déplorable, j’allais certainement mettre plusieurs heures pour faire les quelques kilomètres restants… Par fierté mal placée, j’accusais la canicule, mon âge avancé et l’abus de pastèques qui, réunis, alourdissaient chacun de mes pas.

Anastasios m’avoua que lui aussi était éreinté mais que cela ne l’affectait pas outre mesure, car, depuis le matin, il vivait une aventure exceptionnelle.

Puis il se lança dans une longue tirade que je m’efforçai de suivre non sans une certaine difficulté.

« Filé mou, si tu te projettes trop sur le temps que tu vas mettre pour atteindre la ligne d’arrivée, tu vas en oublier d’apprécier ta course à sa juste valeur et quel dommage ça serait alors !... Tu dois continuer avec le kéfi, filé mou ! Avec le sourire, avec la joie de vivre pour moteurs !...Nous les Grecs, nous détenons un secret : celui du bonheur… Tu veux le connaitre mon ami ?...

ENTRE OMBRE ET SOLEIL

Je l’ai alors regardé avec des yeux décontenancés, trahissant ma surprise et ma curiosité. Qui serait assez stupide pour ne pas vouloir connaitre un tel secret alors qu’il est la quête ultime de chacun d’entre nous ?… J’acquiesçais donc tout en me demandant quelles espèces de balivernes allait me débiter ce drôle de coureur qui glissait des « filé mou » («mon ami ») dans toutes ses phrases, alors que je ne le connaissais que depuis une poignée de minutes à peine. De toute façon, je n’avais rien à perde et vue ma vitesse de croisière j’avais tout le loisir de l’écouter.

 « Et bien, filé mou, saches que tu baigneras dans le bonheur quand le temps n’aura plus d’emprise sur toi !... Quand tu auras compris que c’est toi qui décide d’organiser ta vie, pas les calendriers, les agendas ou toutes ces choses censées être très urgentes à faire… C’est le diktat du temps hémophile qui nous stresse et nous empêche d’être vraiment heureux. Tu dois te dire, filé mou, que le temps n’a aucune importance !... Peu importe le temps que tu mettras pour finir ce Tera, peu importe l’heure où tu arriveras à Tsépélovo !… L’important, c’est que tu vives pleinement cette course. Avec enchantement et plénitude. Que tu captes chaque instant pour t’en rappeler à jamais ! Crois-moi, filé mou, heureux tu seras si tu parviens à t’affranchir de l’emprise du temps. Si tu fais en sorte que ce dernier soit élastique, étirable à l’infini. En Grèce, nous avons bien compris ça. Nous aussi, nous avons nos obligations, nos listes ininterrompues de besognes à entreprendre… mais, dans la journée, nous stoppons quand même le temps et sa course folle pour savourer la vie et ses petits bonheurs. Pour discuter avec des amis, boire un ellinikos au café du coin au milieu des anciens, faire une partie de tavli, lire deux ou trois poèmes de Ritsos, prendre un bain ou cueillir quelques figues fraiches et nous en délecter sur place, à l’ombre de l’arbre bienfaiteur… Contrairement à ce beaucoup pensent de nous, ce n’est pas de nonchalance ou de la paresse qui nous habitent mais une véritable philosophie de vie…

AVEC ANASTASIOS

Le temps, filé mou, c’est toi qui dois le dominer, pas le contraire. Pour cela, le secret, c’est de vivre l’instant présent.  Ne ressasses plus le passé avec son lot de regrets inutiles, ne te projette plus dans le futur avec tes doutes et tes espérances… Sois ici et maintenant – Ezo kai Tora disent les Grecs !... Cours en pleine conscience, immerges toi dans le TERA, imprègnes toi de chaque seconde, de chaque mètre parcouru, de chaque caillou bousculé. Fais que ta mémoire puisse se rassasier de tous ces bons instants, de toutes ces belles images, de toutes ces mémorables rencontres… Ces moments uniques ne seront pas, plus tard, de simples souvenirs de course mais ils feront partie intégrante de toi. Ils seront fixés dans ton ADN, dans tes globules, dans tes fibres, dans tes neurones… ils t’habiteront pour toujours. Quand le Tera sera fini, mon ami, il ne sera plus devant toi, ni derrière toi mais EN toi !...»

Les mots d’Anastasios m’avaient aussitôt ragaillardi. J’eus l’impression qu’en chaque coureur Grec sommeillait un philosophe tant leur vision de la vie était pleine de clarté et de sagesse. Fort de cette nouvelle leçon, j’emboitais le pas à Anastasios et finissais le parcours sans plus me soucier du temps que je mettrais, du classement, de la performance, des commentaires à venir… Je vivais ces derniers kilomètres avec une sensation de liberté, une sensation d’invulnérabilité, une sensation de bonheur jusqu’alors inégalées. Le chronomètre tournait toujours mais je n’en avais plus rien à faire…

              ARRIVEE  

 J’étais venu en Grèce courir un ultra et je revenais avec la recette du bonheur. Tout cela était encore un peu confus dans ma tête mais j’escomptais bien mettre ça en pratique dés mon retour en France.  Dans l’immédiat, il me restait 1 semaine à passer en Grèce ; une semaine pour récupérer ; une semaine pour choisir la destination de mon prochain voyage (******) ; une semaine pour ressembler à un Krupicka, une semaine pour arriver à prononcer « imé rarouménos » (« je suis heureux ! ») sans trop l’écorcher ; une semaine pour me comporter en Grec…

1 semaine c’était peu et beaucoup à la fois. 1 semaine, c’était jouable !…

 

(*) Le ZMR, c’est 4 formats de course : 80 kms, 44 kms, 20 kms et 10kms  + une épreuve pour les enfants, la ZAGORAKI.

(**) La marque LA SPORTIVA est très bien implantée en Grèce.

(***) Théodorakos Dimitrios (vainqueur du TERA en 2017 et 2018) a, alors qu’il s’entrainait il y a peu dans les parages, vu et a pu filmer une maman ours avec ses 2 oursons.

https://www.facebook.com/ZagoriRace/videos/1749543055160078/

(****) Gagné par le haut-savoyard Greg VOLLET en 4h18’.

(*****) 90% des Grecs sont de religion orthodoxe.

(******) La liste des ultras grecs est longue : Olympus Ultra Marathon, le Corfu Mountain Trail,  l’Ursa Trail de Metsovo…

 

Toutes les infos sur le ZMR sur :  https://zagorirace.gr/

Ainsi que sur la page Facebook : https://www.facebook.com/ZagoriRace/

12 octobre 2017

RANDO-COURSE EN VANOISE

Petite virée en Vanoise avec Cathy, le 8 octobre, du côté du Glacier de Gébroulaz.

21 kms / 900 m D+ / 4 h de rando-course

On s'est fait un nouveau copain...

BOUQUETIN VANOISE

 

Quelques images live :VIDEO

2 octobre 2017

VOUNA KAI THALASSA

La Grèce, pays de montagnes et de mers ; pays de roc et d'eau...

1 semaine dans les montagnes des Zagori (Nod -Ouest), près de la frontière albanaise à randonner dans les gorges profondes - les plus hautes du Monde - du Canyon Vikos, dans des paysages de montagnes aux allures alpines (Astraka, lac de Drakolimni,...). Petits villages pittoresques aux ruelles pavées de bonnes intentions (Monodendri, Tipi, Tsépélovo,...). Rencontre de grecs improbables... On y reviendra (pour le Zagori Ultra Run déjà...) 

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1 semaine au bord de mer dans la région du Pilio, à buller à Agios Ioannis. Baignades, plages et tavernes...

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5 septembre 2017

TRAVERSÉE DES ALPES EN TANDEM

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Du 8 au 20 juillet 2017, traversée des Alpes en vélo-tandem avec Kat en semi-autonomie (30 kilos de bagages, dont matériel de camping).

Un total de 620 kms ; 13 000 mètres de D+ et D- 

10 grands cols grimpés (Madeleine, Galibier, Isoard, Vars, Cayolle, Turini,...)

Des paysages dantesques, des rencontres mémorables, des campings mémorables.

Une sensation de liberté et d'aventure au long cours...

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Un résumé sur la vidéo TAT 2017.

21 mai 2017

TRAIL DE MIMET 2017

trail_Mimet LOGO

Ceux qui croyaient que j’avais abandonné mes runnings se sont trompés. 

Ce début 2017 a été, il est vrai, quelque peu chaotique pour moi. Une fracture du talon le 31 décembre après une mauvaise réception en parapente suivie d’un changement radical de travail, ont fait que j’ai eu pas mal d’autres chats à fouetter. Et pendant qu’on fouette des chats, on est moins disponible pour courir !... Du coup, cet hiver quasiment pas de skating (juste 2 ou 3 sorties fin mars, début avril) et privé de trail pendant deux mois fermes.

A contre cœur, j’ai dû annuler mon inscription au LAVAREDO ULTRA TRAIL. Je me faisais une joie d’aller courir cette magnifique course qui traverse les Dolomites mais il me fallait raison garder et, pour une fois, faire preuve de sagesse : jamais je n’aurai pu être prêt à temps pour affronter les reliefs italiens… si beaux soient-ils !...

Physique réduit au néant, souffle court et moral dans mes chaussettes Five-fingers, j’ai, petit à petit, repris le chemin des sentiers autour de la maison avec mes fidèles sparring-partners (Cathy, Captain Cavern et Dawa).

Pour déjouer le sort, je m’inscris  au Trail de Mimet : 44 kms et 2800 D+.

Voilà un format qui devrait me dire où j’en suis. Une espèce de test grandeur nature.

J’avais déjà couru le 26 kms de Mimet, mais c’était en 2011. Là, sans autre objectif que celui de finir, je m’aligne sur le 44, celui que les organisateurs appellent l’ÉLITE.

7h. Le départ a lieu dans le centre du petit village provençal de Mimet. Faisant la queue aux toilettes, je le manque de peu.

Zéro stress, zéro fatigue, zéro enjeu. Je pars avec les derniers (ceux-là même qui faisaient la queue aux toilettes avec moi…)

On commence par monter à la Tête du Grand Puech. Puis transition au Col St Anne par un chemin de crête qui fait face à Marseille et aux îles du Frioul. Les jambes tournent bien et le souffle reste régulier.

Longue descente sur un single-track qui remonte sèchement au Pilon du Roi. Il ne fait ni chaud, ni froid. J’entends hurler mon prénom dans les pierriers. Je lève la tête et voit René qui s’est levé aux aurores pour venir m’encourager. Ça redouble mon énergie pour gravir cette côte sèche qui s’élève comme un mur devant moi.

Premier vrai ravitaillement au Pilon du Roi puis un long chemin, ponctué de montées et descentes, nous emmène en galère du côté de Siminane. Physiquement, je suis plutôt bien, je gère le rythme et ne me laisse pas tenter par quelques petites accélérations, surtout dans les descentes… Aux Martinons, je me fais doubler par un coureur en huaraches. Il vole littéralement sur le chemin (c’est en fait le deuxième ou le troisième du 24 kms…). Grande montée casse-les-pattes qui nous ramène au Col St Anne. Putain ! Ca grimpe !... Je double pas mal de coureurs qui font de longues pauses dans la sèche montée. Fidèle à la devise des Cadenel « je ralentis mais ne m’arrêtes pas ! ». Tout en haut, émergeant des buissons, je reconnais les têtes de Cathy et de ma mère. Petite pause qui donne du baume au cœur. Il commence à faire chaud. Je profite de mon assistance pour changer de tee-shirt et virer la dizaine de barres que j’ai en trop et qui pèse l’air de rien un âne mort.« La peur c’est du poids » me chuchote l’esprit de Jean-Christophe Rufin.

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Tout ça m’a bien revigoré et m’a fait oublier la rudesse de la dernière ascension. Je trottine allègrement jusqu’à Mimet. Belle pause au ravitaillement du village noyé d’une ambiance chaleureuse.

Je repars en direction du cimetière et là… Patatras… Rien ne va plus… Gros coup de bambou !... Je n’avance plus, je suis vidé, cassé,… Ce genre de truc te tombe dessus sans crier gare… Tu es bien et d’un seul coup tu es atomisé… Je connais ces moments – j’en rencontre dans chaque course – mais celui-là est plutôt violent. Je sais aussi que ces mauvais passages passent. Faut juste savoir être patient et ne pas se démoraliser. C’est là, l’avantage de l’expérience. Elle nous rappelle et nous enseigne la vie. A nous, en toute connaissance de cause, convaincus de leur réalité éphémère, d’adopter les bons comportements. Aussi, je ralentis, marche, je bois, je remange une barre, je discute avec d’autres coureurs, avec des spectateurs, avec des bénévoles… On nous promet des bières fraîches au sommet du Mont Julien…

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Je passe au niveau de Saint-Savournin, puis de Cadolive, courant quasiment seul dans la garrigue… Il commence à faire très chaud. Peu à peu, je sens que la fatigue s’éloigne et que le tonus revient. Je souris bêtement au ciel. Au ravitaillement liquide qui surplombe Cadolive, je bois 1 litre d’eau d’affilé et je remplis à ras-bord mes gourdes (1 de coca/eau, 1 de sirop à la menthe). Je discute longuement avec un coureur qui me fait pitié. C’est Antoine. Il est complètement carbonisé et m’avoue qu’il va arrêter là. Oh ! Putain !... Je tente de le remotiver, de l’haranguer. Je lui assure que « ça va aller mieux », j’essaie d’être au moins aussi convaincant qu’un vendeur de voitures d’occasion. Je lui rappelle qu’il y a des bières fraiches au sommet du Mont Julien… Antoine me regarde avec des yeux écarquillés, il est cuit... Je le laisse en lui intimant un dernier conseil : « Fais le bon choix, l'ami !... ».

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J’attaque la montée du Mon Julien d’un bon pas. Là-haut, bien sûr, pas de bières fraiches !... Juste quelques biquettes aucunement effrayées … Je dévale le vallon de la Guière à une allure soutenue. Je double pas mal de coureurs qui marchent ou font des pauses sous des pins secs, aussi secs qu’eux. A la Moure, le chemin s’élève brusquement ! C’est raide. Raide et désertique. Le soleil m’écrase et me coupe souffle et jambes. Je bois comme un trou. Il y a des passages où il faut mettre les mains. C'est quasiment de l'escalade. Des pauses s’imposent contre le calcaire brûlant. Je passe le fameux Rocher Rouge et profite de son ombre salvatrice.

Je rencontre là Samuel de Saint-Maximin qui se repose sous une arche. Nous repartons ensemble, parlant des divers trails que nous avons couru. Une large piste puis un chemin où même un lapin ne passerait pas nous conduit à la Tête du Grand Puech, celle-là même que nous avons passé au début. Descente technique et arrivée à Mimet…

P1120826 Le monkey de l'arrivée !

Un peu plus de 8h de course (8h07’) ; de bonnes sensations en général ; pas trop de douleurs au talon, ni aux fessiers. Je finis 109 ième sur 172 partants (16iéme de ma catégorie). C’est bon, le VIEUX n’est pas mort !...

Je me régale, à l’ombre des canisses, d’une bonne paella et… je vois passer Antoine qui termine, rincé mais le sourire aux lèvres !... Bravo à lui !...

4 décembre 2016

SAINTéLYON 2016

Encore une belle aventure partagée avec Captain Cavern et Moustache (et 7000 autres coureurs...). 
72 kms (et 2000 m D+) courus de nuit (départ vers les minuit) entre Saint-Etienne et Lyon sur pistes, chemins et routes...
Nuit blanche, boue, petit bisoulet, longue distance, muscles explosés... mais aussi super pasta-party (Merci Kikourou !), amitié, défi,... 
A quoi cela sert de faire ça diront certains ?... 
A rien, si ce n'est à se faire plaisir !... Quand on voit les guirlandes de frontales des coureurs qui sinuent derrière et devant vous, vous êtes saisis par cet engouement collectif et vous êtes heureux d'en faire partie.Encore plus, en ces périodes troublées...
Courir est la plus importante des choses secondaires.

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9 novembre 2016

LUT, L'ULTRA OBJECTIF 2017

LUT 2 2017

J'avais perdu tout espoir de pouvoir un jour courir un jour le LUT (LAVAREDO ULTRA TRAIL) tant il était difficile de s'y inscrire...

Mais, ce matin, alors que la radio annonçait la victoire de Trump, l'organisation du LUT confirmait mon inscription !...

LAVAREDO OK

 

Comme quoi une mauvaise abominable peut cacher une merveilleuse nouvelle !...

130 kms / 6000 m D+ au coeur des Dolomites italiennes... ça promet d'être grandiose !

 

6 novembre 2016

RUN TO MONI SPILÉOTISSA

Beau run vers le Moni Spiléotissa en montant par les farangi (gorges) de Karavostasi et en descendant par le kastro (ancien château) de Kéléfa.

Loukoums offerts au monastère qui valent, à eux seuls, le détour...

[CLIQUEZ SUR IMAGE POUR VOIR LA VIDÉO...]

MANI TRAIL 2

 

 

 

 

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