LES BALCONS DE LA MER DE GLACE
Un véritable voyage au paradis blanc. Cette
escapade est un mélange de randonnée et de via-ferrata qui demande un minimum
d’endurance et d’acceptation du vide. Où que le regard porte, le spectacle est
grandiose. Succession de sommets, d’aiguilles et de gendarmes arrogamment
dressés vers le ciel bleu azur.
8 h00. Je rejoins
Pascalito à Chamonix au parking des Planards. Le lascar n’est pas en retard au
rendez-vous !...
Dodo, Kat et Dawa
partent faire la boucle du Plan de l’Aiguille.
Nous, nous prenons le premier train à crémaillère rouge du Montenvers. (18 € l’AR !...) Dans les compartiments, il n’y a que des alpinistes, les touristes monteront plus tard.
Arrivés la haut, nous
prenons le direction des « Refuges ». On s’active car tout le monde
semble aller au même endroit que nous.
Nous descendons une série d’échelles
jusqu’à poser les pieds sur la Mer de Glace, une Mer de Glace recouverte de
cailloux, plus ou moins imposants.
Nous traversons la langue glaciaire (sans
mettre les crampons) dans le sens de la largeur en visant un énorme carré blanc
peint, en face, sur la roche. Ce repère bien visible indique l’emplacement des
échelles. Ces dernières nous font rapidement prendre de l’altitude. Puis, un
sentier surplombant la Mer Glacée remonte la vallée. Au niveau du Glacier de
Charpoua, des panneaux nous rappellent que nous sommes en haute-montagne et que
les risques de chutes de pierres et de glace existent. Instinctivement, nous
vérifions la bonne attache de nos casques.
Le chemin est facile à
pratiquer mais nous sommes fin mai et de nombreux névés tapissent encore les
passages situés à l’ombre. Dans une combe bien exposée au vide, nous devons
chausser nos crampons et sortir les piolets pour passer en toute sécurité.
Fonte des neiges oblige, de nombreuses cascades ruissellent le long des parois.
Le paysage est grandiose. Des pointes escarpées cisèlent l’horizon. Au dessus
de nous, les Drus, l’Aiguille Verte, l’Aiguille du Moine, la Nonne. En face la
majestueuse Dent du Géant et les Grandes Jorasses. Sur notre droite les Aiguilles du Grépon, de Blaitière, du
Grand Charmoz et la Dent du Requin… Des noms de sommets illustres qui renvoient
à l’histoire de l’alpinisme. Moments magiques où l'instant est bien plus important que le présent.
Un petit éterlou bondit à quelques mètres de nous
et gravit les rochers avec une facilité déconcertante. Le sentier est
entrecoupé de mains courantes métalliques et d’échelles montantes et
descendantes. Certaines d’entre elles sont assez vertigineuses. Deux chamois
gambadent entre les grosses pierres recouvertes de lichens verts.
Un dernier
raidillon assez raide nous conduit à un col d’où l’on découvre le Glacier du
Talèfre. Devant nous s’élèvent les Droites, les Courtes, le Triolet et, sur la
droite, le Glacier de Leschaux qui rejoint la Mer de Glace. L’ambiance est très
haute-montagne. Le Refuge du Couvercle, surmonté de son énorme pierre plate, brille au loin. Nous le rejoignions, en
traversant de grandes étendues neigeuses, pour y manger nos sandwiches. Nous
aurons mis 4 h 45’ pour l’atteindre.
Quelques blancs cumulus viennent harponner le Charmoz et le Géant. Par contre, ça noircit sévèrement du côté de l’Italie. Après cette courte mais néanmoins revigorante pause, nous descendons vers la Mer de Glace par un sentier à moitié enneigé. Nous croisons une marmotte peu farouche qui, comme nous, a l’air de s’extasier devant l’Aiguille du Tacul. Pour finir, nous enchaînons une série d’échelles bien verticales. Un passage assez engagé nous incite même à utiliser nos longes de via-ferata pour la première fois de la journée.
Sur la Mer de Glace,
nous nous équipons en conséquence. Crampons et corde. De cairns en cairns, nous
louvoyons entres des dunes de glace et d’étroites crevasses qui n’inspirent
aucune inquiétude. Le glacier est parsemé
de pierres et d’objets incongrus (câbles, boites de conserve, bouts de bois,…).
La quantité de saleté est impressionnante. On se demande d’où tout cela peut
bien provenir ?...
Le vent se lève. La pluie et la grêle nous surprennent en plein milieu de la descente. Nous hâtons le pas vers le Montenvers pour y retrouver le soleil et, surtout, pour ne pas rater le dernier train de 17 h30. La descente aura duré 3 heures.
Nous redescendons vers Chamonix. Assis dans le train, fourbus, nous passons en revue les meilleurs moments de la journée. Sur le siège d’en face, deux alpinistes, aux yeux hagards, évoquent leur ascension de la Verte par le fameux Couloir Whymper. 17 heures de course… Leurs visages brillent de béatitude. Les voyages au Pays du Mont Blanc ne s’arrêtent jamais…
Seule ombre au tableau,
quand nous rejoignions nos véhicules au parking des Planards, Pascalito s’aperçoit
que la poche de sa veste (celle là même où il a mis ses clés…) est trouée.
Cette veste il l’a mise et enlevée plusieurs fois (le matin, au refuge du
Couvercle, sur le glacier…). La clé de sa voiture est tombée quelque part. Mais
ou ???... Nous arpentons le parking de long en large, questionnons la gare
du Montenvers, fouillons les poubelles environnantes… sans succès !...
Nous les ramènerons à Moye après s’être rassasié d’une bonne pizza !... (Pour
la petite histoire, les clés seront retrouvées le lendemain… dans le train).
Complices du
jour : Pascalito.
7 h 45 AR / D+ = 1 300m / Altitude
max : m
CONSEILLE PAR COURPATAS – CONSEILLE PAR COURPATAS – CONSEILLE PAR
COURPATAS
Un livre de circonstance : LE PORT DE LA MER DE GLACE de Dominique Potard
Editions GUERIN