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2 octobre 2013

MIEUX VAUT T.A.R. QUE JAMAIS...

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2 h30 du matin… Le réveil sonne… Je me demande où je suis ?... J’entends quelqu’un chantonner une vieille chanson de Céline Dion ; « Pour que tu m’aimes encore »… Putain !... C’est quoi ce cauchemar ?...  Du Céline Dion de bon matin !... Et, en plus, du Céline Dion avec un accent corse !!!... Je rêve ou quoi ?....

Subitement, je réalise… Je suis dans le mobil-home loué par Lulu au camping des Bossons et, aujourd’hui, nous sommes le 29 septembre, le jour J, je jour du Trail des Aiguilles Rouges…

Electro-choc. Trail des Aiguilles Rouges… 50 kms… 4 000 m de D+…

Les images de la veille défilent en accéléré… Retrait des dossards, bière au bar des Sports avec Bernard, discussion avec Couet-Couet, pâtes aux courgettes avec Josette et JP, coucher à 21 h…

Fan de chichourle !!!... Faut se lever et se préparer !!!…

Copieux petit-déjeuner pour prendre des forces en prévision de la longue journée qui s’annonce. Nous finissons la préparation des sacs et des mixtures et cherchons pendant un bon quart d’heure la frontale de Lulu (qui était finalement bien rangée dans son sac…).

4 heures. Nous rejoignons l’aire de départ. Dans les rues de Cham, nous croisons quelques fêtards qui rentrent chez eux, la démarche chaloupante, en vociférant d’incompréhensibles hurlements…Par hasard, nous retrouvons, au milieu de la foule, Thomas, Nico et Akuna.Au cours du briefing qui précède le départ, les organisateurs nous mettent en garde sur les mauvaises conditions météo que nous allons devoir affronter. Cela devrait rester sec en début de matinée mais vite dégénérer après… Nous sommes prévenus, il faut nous attendre au pire…

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4 heures 30, le départ est donné. Petite portion de route qui nous fait traverser la ville en direction des Bossons (…) puis large sentier dans la forêt. Frontales allumées, calés vers le milieu des participants, nous courons ensemble avec Lulu. Nous marchons tranquillement dans les montées et relançons tout aussi tranquillement dans les replats et descentes.

Cela fait environ une heure que nous sommes partis. Je me sens physiquement en forme. J’avais quelques craintes quant à une douleur qui me lacérait le mollet gauche il y a encore quelques jours mais elle n’a pas l’air de réapparaître. Du moins pour l’instant… aussi, je me garde bien d’accélérer le rythme. Cela grimpe sec jusqu’au Brévent. Vers les 8 h, un soleil rasant illumine toute la chaîne du Mont Blanc. En voyant ce Géant blanc dressé face à nous, je repense à notre récente tentative d’ascension, avortée pour cause de mauvaise météo. Aujourd’hui, contre toute attente, le ciel est dégagé. Seuls quelques nuages épars occupent l’espace.

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Grande pause au ravitaillement du Brévent avec Lulu, puis je continue seul. La suite est tracée dans un paysage de montagne au caractère alpin bien trempé. Lacs miroitants, névés, passages chaotiques, décor minéral aux couleurs rougeoyantes… Quelques câbles et échelons aident à franchir les passages exposés. Physiquement je suis plutôt bien, je trottine allègrement, aucune douleur, ni fatigue ne se font sentir. Je double quelques coureurs en prenant garde de ne pas m’enflammer. Je me nourris exclusivement de GU Chomps à la fraise. Si ces gommes à mâcher sont aussi bonnes qu’efficaces, j’en commande un carton plein en rentrant. S’en suit un enchaînement de montées et de descentes qui mettent l’organisme à rude épreuve. Col du Brévent, Planpraz, col du Lac Cornu, col de la Glière, l’Index…

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Une longue descente nous conduit sur Argentière sur un chemin parsemé de pièges en tout genre. Je m’accoquine avec un coureur dénommé Antoine et, ensemble, nous dévalons la pente comme des petits cabris. J’ai l’impression de voler… Je sais que je dois me préserver, que la course est loin d’être finie mais je me laisse griser et emporter par un sentiment de facilité et de légèreté presque déconcertant… Nous doublons des dizaines de coureurs ; certains font preuve de prudence, d’autres sont déjà carbonisés. Antoine lâche le morceau avant la fin et j’arrive seul au ravitaillement de l’Argentière. Je récupère de longues minutes en me gavant de Tuc, tranches de saucisson, fromage, chocolat, nougat, banane… tout ce qui me tombe sous la main en fait…Le ciel est toujours aussi bleu ; c’est aussi incroyable qu’inespéré. Mes cuisses et mes mollets accusent le coup. Je sens que je vais peut être regretter cette descente diabolique…

Je quitte le ravitaillement en compagnie de Cyril, un grand coureur tout de blanc vêtu. Cyril est steward et il court le TAR pour se préparer à la Diagonale des Fous qu’il va faire pour la 7ième fois consécutive cette année… Quand, dans la discussion, il m’annonce que le week-end dernier il a couru le marathon de Québec en 3 heures, je me dis que j’ai à faire soit à un mytho, soit à un très bon coureur. Il attaque la longue montée de l’Aiguillette des Posettes à un bon rythme tout en continuant de parler. Plus nous avançons, plus je me dis qu’il n’a rien d’un mytho… Pierre, un jeune prof de sports, se joint à nous. Cyril mène la danse, relance sur les portions de plat, nous obligeant à le suivre. Au village du Tour, Cyril ralentit pour ménager ses efforts et préserver sa forme. Je continue la partie finale de l’ascension avec Pierre. Un gros coup de pompe me plombe dans le dernier tronçon, je n’ai plus de jus, j’avance au ralenti… Je réalise que j’ai négligé mon alimentation depuis le dernier ravitaillement. Je gobe rapidement un gel caféiné et me cale derrière un groupe de coureurs qui chemine à une allure moyenne mais constante. Une vingtaine de minutes plus tard, je me sens mieux. Toujours avec Pierre, nous reprenons une cadence plus soutenue. Nous doublons régulièrement des coureurs dont certains sont vraiment explosés.

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Arrivés au sommet, nous trottinons jusqu’au col des Posettes où un signaleur nous informe qu’il nous reste 6 kilomètres de descente à accomplir. Je commence à accuser le coup, mes jambes tiraillent, un genou tiraille… Pierre fait une pause prolongée car ses cuisses sont tétanisées.Je poursuis seul et tombe miraculeusement sur Ostrogo qui accuse le coup. Il me lance « je suis raisin !... ». Nous entamons la dernière descente sur Vallorcine ensemble. On entend crachoter la sono de l’arrivée mais le fond de la vallée parait encore très loin… Je finis le parcours dans un état second, je ne me concentre que sur le sentier pour éviter une éventuelle chute… Je n’entends plus rien, ne ressens plus rien… La descente est interminable. Je me retourne, plus de Nico ?… Je traverse un chemin de boue sans essayer de l’éviter, dévale une pente herbeuse sous les acclamations de spectateurs surexcités… Le speaker annonce l’arrivée du n° 262 en 10h45’… Le n°262… mais c’est moi !!!...

Embarqué dans cette folle course depuis presque 11 h, j’ai du mal à réaliser que je viens de l’achever … Que le TAR est terminé…

Les minutes qui suivent sont ouatés. Je bois des litres de Coca, ingurgite des poignées entières de raisins secs. Hagard, la tête vide, je m’assois sur un banc à côté d’une italienne qui raconte sa course à un gars ; je les écoute et participe à leur discussion comme si c’étaient des amis de longue date sans que cela ne les étonne d’ailleurs. Je finis par rejoindre la fine équipe du MTC. Thomas mange sa tartiflette de bon cœur (il termine en 9 h15 ; 99 ième position) ; Agnès est heureuse de sa très belle performance(8 h50, 69 ième au scratch et 6 ième de sa catégorie). Je me change sans me presser. Discussion avec Dawa qui anime un stand, dernières recommandations pour le SoluKhumbu Trail que j’ai du mal à mémoriser… Ostrogo arrive un peu après moi ; Lulu n’est pas loin derrière non plus. 

Nous traînons un peu à droite et à gauche, discutons avec des coureurs inconnus et avec d’autres qui ont fait un podium. Cette convivialité, cette simplicité, cette accessibilité font parties de la magie du trail…Akuna, dont la légendaire gentillesse est loin d’être usurpée, nous reconduit jusqu’à Chamonix avec sa voiture, nous évitant d’attendre la navette pendant une heure dans la fraîcheur ambiante qui s’installe.

18 heures, la pluie se met à tomber en trombe. On s’en fout… Avec Lulu, on boit un thé à l’abri, au mobil-home… Le TAR 2013 est presque déjà un lointain souvenir… Il nous faut maintenant nous concentrer sur la suite… sur le SoluKhumbu Trail à venir…

Classement Courpatas = 240 / 789 partants (485 classés) ; 16ième V2

Ma course en détail : http://tar.livetrail.net/coureur.php

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