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14 novembre 2015

MARATHON A MARATHON

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Le réveil sonne à 5h. C’est l’heure d’y aller.

Cela fait presque dix mois que nous attendons ce moment, depuis le début de l’année où nous nous sommes inscrits à la 33ième édition du légendaire marathon d’Athènes.

Cette nuit, j’ai dormi d’un sommeil entrecoupé d’images. J’ai repensé à la journée d’hier où nous avons arpenté les ruelles de la capitale grecque, visité l’Acropole, bu des ellinikos, mangé des macaronias (pâtes) et des koulouri, déambulé dans les quartiers de Plaka et de Monastiraki… Quel bonheur que de divaguer avec nonchalance et insouciance. Quel bonheur que de faire découvrir aux copains la douceur de vivre qui imprègne ce pays…

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5h 15'. Je retrouve les copains du MOREL RUN TEAM – Didier, Hubert, Thomas et Fabien – dans le salon de l’hôtel. On y prend un petit-déjeuner consistant. Il faut faire le plein d’énergie, la journée va être éprouvante. L’ambiance est détendue, les plaisanteries fusent. 

6heures. Nous prenons le métro jusqu’à Sindagma, la place du Parlement tristement rendue célèbre par toutes les manifestations qui s’y sont déroulées pendant ces dernières années de crise. Il fait encore sombre. Des dizaines de bus absorbent des milliers de coureurs (17 000 coureurs inscrits cette année) pour les conduire au village de Marathon. Les 42 kms effectués à bord du bus nous paraissent longs, très longs et… descendants ; ce qui laisse supposer que, dans l’autre sens, cela va monter !...

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Arrivée à Marathon, la première chose que nous voyons, ce sont ces centaines de coureurs fluorescents qui se précipitent dans les champs pour uriner. La campagne s'illumine. Nous nous mettons en tenue de course, vérifions notre matériel, déposons nos affaires dans sac qui partira vers l’arrivée.

Les plus sérieux s’échauffent sur le stade de Marathon ; Nous, nous faisons des selfies.

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Nous nous séparons et rejoignons nos bloks respectifs. Je suis avec Didier et Hubert. Thomas et Fabien sont dans d’autres sas.

8 heures. La tension monte. Nous buvons, discutons. Nous trompons le stress. Toutes les nationalités sont représentées. Italiens, Français, Allemands, Américains. Beaucoup d’Asiatiques. Des milliers de coureurs devant, autant derrière. Marée humaine dans laquelle nous tentons de surnager.

9 heures. L’élite (blok n°1) s’envole.

9 heures 15’. Notre tour arrive. Moment saisissant. La musique de Zorba le Grec emplit l’espace et nous met le kéfi (bonne humeur grecque).

Je déclenche le chronomètre de la Suunto. L’aventure commence vraiment.

Je cours le 1er kilomètre à côté d’Hubert. Nous sommes portés par l’enthousiasme, l’excitation et les « Bravo ! » des centaines de spectateurs amassés sur le bord de la route. Nous veillons tout de même à ne pas nous enflammer.

Hubert ralentit un peu son allure et je le distance, puis le perd de vue. Je me retrouve seul, enfin presque…

Au 10ième kilomètre, je me sens bien. Très bien même. Pas de fatigue, pas de douleur. Mon entrainement depuis janvier pour l'UTMB semble porter ses fruits. Je scrute régulièrement mes arrières. Je déplore de ne pas être resté avec Hubert au départ mais je suis convaincu qu’il va bientôt me remonter et que, là, nous pourrons courir ensemble. Si possible jusqu'au bout.

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Le décor n’est pas exceptionnel. Nous courons maintenant sur une voie rapide proche d’une mer que nous ne voyons pas. Par contre, l’ambiance est extraordinaire. Les Grecs sont sortis en masse dans la rue pour encourager les coureurs. Le marathon est un évènement ici. C’est sur ce parcours que Philipidès, en 494 avant JC, a couru pour la première fois les 42 kms pour annoncer à la capitale la victoire contre les Perses. C’est sur ce même parcours que s’est déroulé le marathon olympique de 2004… Les Grecs ont sorti leurs chaises et tables. Ils se sont assis au bord de la route. Certains chantent ou dansent le sirtaki. Les odeurs de cigarettes et de grillades se répandent. La musique rugit. C’est très festif. Très chaleureux.

Les ravitaillements s’enchaînent tous les 2 kilomètres. Bouteilles d’eau, de boissons énergétiques, éponges, bananes. Le soleil cogne fort. Il fait une chaleur estivale. Je bois et m’arrose régulièrement.

Je passe le semi (20 kms) en 2 heures. Je me sens toujours aussi bien. Hubert me double à ce moment là sans que je ne le voie.

Côté coureurs, c’est la cour des miracles. On voit de tout. Des gars déguisés en soldats spartiates, en hot-dog, en gâteau. 4 Daltons enchainés les uns aux autres occupent la moitié de la route. Il y a des coureurs en fauteuil roulant, des aveugles reliés par un élastique à un partenaire. Des types qui courent avec leur chien. Un Japonais qui court avec une poussette dans laquelle il y a son enfant. Des coureurs font la course en sandales, en Five Fingers. Certains courent même pieds-nus !...

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J’ai une pensée pour mes camarades et j’espère que la course se déroule bien pour eux aussi.

Au 27ième kilomètre, je vois Lydie et Laurie, venues en métro pour nous encourager. Je reconnais leur t-shirt MOREL RUN TEAM dans la foule. Elles m’informent qu’Hubert vient tout juste de passer…

Zut !... Je l’ai raté… J’accélère (un peu) le rythme espérant le rejoindre et pouvoir ainsi finir les derniers kilomètres avec lui.

Je passe le village de Glyko Néro (l’eau sucrée). C’est la partie grimpante du marathon. Successions de bosses (300 mètres de dénivelé positif au total) qui se font bien sentir.

J’atteins le 30ième kilomètre toujours dans les temps. Mon objectif – boucler la course en moins de 4 heures – est toujours réalisable. Je ressens un peu de fatigue au niveau des cuisses mais le mental et l’estomac vont bien. Pas l’ombre d’un point de côté ou d’une crampe. Aucune douleur aux mollets , ni aux genoux. Ce qui me rassure grandement. Il y a 3 ans, j’avais dû abandonner au 30ième kilomètre du marathon de Marseille à cause d’une douleur intenable au genou…

Des éclopés, des zombis, des robots, des boiteux, des fantômes, des écœurés qui vomissent dans les bas-côtés, des diarrhéiques qui ne se cachent même pas pour se vider… j’en croise de plus en plus. La route se transforme en champ de  bataille où les pertes humaines s’accumulent.

Au 35ième kilomètre, nous entrons dans Athènes. Il y a de plus en plus de spectateurs. De plus en plus de bruit. Une yia-yia (grand-mère) hurle à s’égosiller des « Bravo palikaria ! » (« Bravo les gars ! »).

La fin de la course est éreintante. Interminable.La fatigue commence à être intense. La chaleur torride nous écrase. Je passe sous 4 ou 5 arches gonflables sans savoir à quoi elles correspondent. Je tiens le coup uniquement parce que je sens l’arrivée toute proche…

Je vois l’entrée du stade se dessiner. Un stade gigantesque en forme de U, cerné de gradins aux hautes marches de pierre. Le mythique stade panathénaïque. Un grand frisson d’émotion me glace le corps. Je brandis haut dans le ciel la branche d’olivier qu’une yia-yia m’avait donné au départ, à Marathon. J’ai, comme souvent à l’arrivée d’une course, une pensée émue pour ma famille et pour mon père.

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Je franchis la ligne d’arrivée en 4h03’… Objectif presque atteint. Je tombe rapidement sur Hubert qui est arrivé depuis 2 petites minutes. Enlassades, embrassades. On aurait vraiment pu faire la course ensemble, affronter ce périple côte à côte pour être encore plus fort. Cela sera mon seul regret.

Un bénévole nous met autour du cou une énorme médaille. Lourde et brillante. Une médaille en forme du stade sur laquelle est gravé le portrait de Grigoris Lambrakis. Un autre bénévole nous enveloppe dans une couverture de survie.

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Nous retrouvons, par miracle, parmi la foule, Lydie et Laurie.

La suite s’enchaîne comme au ralenti. Nous accusons la fatigue et l’enchantement du devoir accompli nous submerge. Nous récupérons nos sacs et trouvons un coin libre de jardin public pour nous changer, boire, nous étirer et… échanger nos impressions à chaud.

Je discute avec un Athénien – Vassilis - allongé à même le sol, les jambes surélevées contre une clôture. Mes quelques rudiments de langue grecque me suffisent amplement pour partager avec lui tout ce bonheur qui nous habite. « Itan poli oréa ! Mia rara !... » me répète-t-il,  trois ou quatre fois d’affilée… Ses yeux sont hagards, son esprit est ailleurs… Vassilis est heureux !... Comme nous… Comme ces milliers de coureurs qui végètent dans ce parc… Comme ces milliers de coureurs qui courent encore…

Hubert et Laurie filent à l’aéroport prendre leur avion retour. Avec Thomas, nous rassemblons le peu de force qui nous reste et nous nous traînons jusqu’à la station de métro de Syndagma pour rentrer à l’hôtel… Nous ne marchons plus, nous flottons sur un petit nuage…

Dans le compartiment du métro, archi-bondé, un Grec – Kostas – me raconte qui est Grigoris Lambrakis, le gars gravé sur la médaille. C'est un vrai héros national. Plusieurs monuments portent son nom, dont le fameux stade. Docteur, athlète et surtout homme politique qui connut un destin tragique en étant assassiné le 22 mai 1963 à la sortie d’un meeting du mouvement pour la paix…

...

Le soir, nous fêterons notre niké dans une taverne typique du centre-ville. Bière Mythos et souvlaki à profusion !...

Même si le bitume n’est pas mon terrain de prédilection, je suis heureux d’être venu participer à cette course exigeante. Le marathon, contrairement au trail, est un sport purement athlétique, un format qui demande une préparation physique et mentale des plus sérieuses, une gestion de course réfléchie. C’est un engagement à long terme qui ne souffre d'aucune approximation, ni dilettante.

Heureux d’avoir couru « l’authentique » comme le désignent les Grecs.

Heureux d'avoir partagé cette aventure avec mes camarades.Heureux également de leur avoir fait découvrir un aperçu de ce pays que j’affectionne comme une seconde patrie pour la qualité de vie qui, nonobstant la crise, y règne et pour l’extrême générosité de ses habitants…

Heureux d’avoir approché les 4 heures mais pas prêt d’aller recourir de sitôt un marathon, du moins sur route.

Le vainqueur - Christoforos Merousis – termine en 2 h21’ !... Alors que le record du Monde avoisine les 2h 02’ !... C’est dire la difficulté de l’épreuve…

Ce marathon m’aura, en tout cas, donné très envie… d’aller vite recourir en montagne !...

NOS RÉSULTATS 

Hubert = 4h 01'

Jean-luc = 4h 03'

Thomas = 4h 30'

Fabien = 4h 36'

Didier = 5h 21'

UN GRAND MERCI à nos supportrices de choc : Lydie et Laurie.

Ainsi qu’à nos partenaires – TATOUT MULTISERVICES, FAORO ELECT, ARCH, HEXAGONE, SID, ECD – qui nous ont permis d’arborer une tenue commune.

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