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1 septembre 2019

CCC 2019

COUMAYEUR – CHAMPEX – CHAMONIX 2019

Jeudi 30 (la veille)

Après-midi dans les rues de Chamonix pour humer cette ambiance si particulière de ce dernier week-end d’août dans la Capitale du Mont Blanc, une ambiance exclusivement dédiée à l’ultra-running. Petit tour au Salon de l’UTMB, la Mecque du trail, et retrait du dossard. Je serai le N°5120.

Retrouvailles de Matthieu (Des Bosses et des Bulles), de Sylvain (Wider Outdoor) et de Φanassis (un ami grec) à l’Alibi Bar.

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Couché tôt dans le Duster aménagé pour la circonstance en camping-car. Sommaire mais bien pratique.

Vendredi 31 août - Jour J

Réveil vers les 5h. Habillage en tenue de course + affaires chaudes par-dessus.

Navette à 6 h à Chamonix pour Courmayeur. Petit-déjeuner à bord (tranche de cake + banane + boisson d’attente).

7h à Courmayeur. Déjà beaucoup de monde déversé par le flot de navettes ininterrompu. Nous serons 2200 partants sur cette CCC.

8h30, sas de départ. 3 vagues où les coureurs sont classés selon leur côte ITRA. Sans surprise je suis dans la dernière vague, juste devant les 2 serre-files.

8h45. Musique, hymnes nationaux, briefing que personne ne semble écouter… tout ça en 4 ou 5 langues.

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9h. Départ première vague des élites. 9h30. Départ de la 3ième vague, la mienne.

Traversée, en trottinant, de Courmayeur par ses ruelles bondées de spectateurs qui hurlent des « Bravo ! » et des « Forza ! » à en perdre leur voix. Dès la sortie de la ville, là où commence le sentier monotrace qui monte à la Tête de la Tronche  (1400 m de D+ à grimper), un énorme bouchon s’est formé. Nous sommes arrêtés ou marchons au pas à une vitesse très lente. Je rencontre 2 grecs, Giorgos et Aristomenis, avec qui nous discutons Zagoria et Olympus Marathon.

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Ça râle dans le peloton de queue. Tous les Français qui m’entourent évoquent la Maxirace 2019 !... Trop de monde ou début de parcours trop étroit pour absorber ce flux dense de coureurs ?... Ce rythme très lent va se prolonger pendant 13 kms, jusqu’au refuge Bertone. Je prends mon mal en patience, peste un peu (beaucoup)  car je suis vraiment en sous-vitesse ; impossible de doubler, d’accélérer. J’arrive à Bertone vers les 13h, après 3h30 de marche (1h15’ de plus qu’en 2009, sur cette même CCC…).

Au refuge, plein d’eau, quelques TUC et je repars aussitôt. A la sortie du ravitaillement, il est enfin possible de trottiner à nouveau, jusqu’à la prochaine étape : le refuge Bonatti que j’atteins vers les 14h15. J’ai l’impression que la course démarre maintenant. Les sentiers sont plus larges, on peut suivre les coureurs qui précèdent en courant, voire les doubler si besoin. Je ne m’enflamme pas pour autant, je reste prudent. Je me rends compte que la mésaventure du départ (les 10 kms de bouchon) est, en fait, une formidable opportunité pour moi !... Depuis que je cours des ultras, je ne suis jamais parvenu à commencer la course lentement ; à chaque fois, j’ai tendance à m’enflammer un peu… et je le paie souvent cash au bout de 15/20 kms… Là, au kms 21, je me sens bien. Le bouchon du départ m’a obligé à partir lentement et j’en ressens les bienfaits maintenant. J’ai juste cette 1 h de retard sur 2009 qui me chagrine un peu…

Descente sur Arnuva dans la bonne humeur, avec une bande de joyeux drilles de Montpellier. Le segment Bertone-Arnuva me parait bien plus long qu’en 2009, pourtant c’est exactement la même distance.

À Arnuva, gros ravitaillement. Il fait très chaud. Bouillon de riz salé, thé chaud, TUC, saucisson, bananes. Plein des gourdes. Et j’attaque, vers les 15h20, la raide ascension du Grand Col Ferret. Contre toute attente, je monte bien. Je double pas mal de concurrents qui, épuisés, se rangent et s’assoient sur le côté. Je mouille ma casquette à chaque ruisseau traversé. La vue sur les sommets environnants est sublime : Dent du Géant, Grandes Jorasses aux glaciers éblouissants sur fond d’un ciel bleu métallique. Les prairies d’altitude foisonnent d’épilobes roses.

J’arrive au col. Je ne m’attarde pas longtemps au sommet car il y souffle un sacré vent.

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Derrière, c’est la Suisse. Une longue descente de 10 kms vers La Foully. J’ai un soupçon d’inquiétude car c’est dans cette descente (lors de ma CCC de 2009 et UTMB de 2015), à 30 kms de course, que mes genoux m’avaient fait souffrir. Pour la première fois, depuis une 10aine d’années que je fais des ultras, je n’ai pas mis de taping (bande adhésive de contention qui enserre les genoux pour maintenait la rotule et diminuer la douleur).

Je descends tranquillement en préservant mes quadriceps et mes genoux, en me fiant aux conseils d’Olivier Garcin, un podologue de Chamonix rencontré récemment. Ses conseils sont élémentaires mais fonctionnent bien jusqu’à présent. En résumé : être à l’écoute de son corps, de ses sensations. Ne pas vouloir absolument maitriser ses appuis au sol. Quand on a les mollets qui tirent un peu trop, on passe en « appui talons, tronc rabaissé », quand on a des douleurs dans genoux ou sous le pied, on passe en « appui avant ou médio, dos droit, épaules ouvertes, respiration ample ». Du coup, j’ai délaissé mes ALTRA Olympus (Elles sont trop « drop zéro » pour moi malgré une progressivité respectée et un confort inégalé) et j’ai chaussé mes LA SPORTVA Akasha.

Le chemin est poussiéreux. Shorts, chaussures et mollets sont recouverts de terre.

La descente se passe bien, j’arrive à La Foully vers les 18h. Je marque une pause d’un quart d’heure, me gavant de tranches de pastèque.

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Côté « nourriture », en course je ne mange que des barres BAOUW en respectant le protocole de 1 barre à l’heure environ. Côté boisson, eau claire seulement (pas de boisson isotonique, ni mélange eau-coca). Par contre, aux ravitos, je mange tout ce qui traîne mais en petite quantité, surtout du salé pour contrebalancer le sucré des barres.

Je quitte La Foully en compagnie de Maeva, une coureuse bretonne, et nous courons ensemble, à un bon rythme, jusqu’à Praz le Fort, discutant de nos courses respectives. Ça fait du bien de pouvoir parler en courant sur cette portion longue et monotone.

J’attaque la montée à Champex avec entrain, doublant des coureurs qui marchent lentement. Je remonte dans le classement. Bien que cela ne soit aucunement le but recherché, cela fait tout de même du bien au mental.

L’ascension est raide, en lacets, mais jambes et souffle répondent bien. J’arrive à Champex qui marque le milieu de la course. « Encore autant à faire !» pour les pessimiste ; « Plus qu’autant à faire ! » pour les optimistes !...

Il est 20h30, la nuit vient de tomber.

La base de vie de Champex est bondée. Difficile de trouver une place pour s’assoir. Je décide de ne pas m’éterniser. Je bois un bol de soupe salée, un thé chaud, quelques victuailles salée ; change de tee-shirt, enfile un bonnet et installe ma lampe frontale. Je repars 20 minutes plus tard sec et repu.

Je longe le lac plongé dans la pénombre et entame une longue transition qui va nous conduire au Col de la Giète. Là, je rencontre Dimitrios, un grec de Ioanina qui court le TERA chaque année. Nous grimpons la pente ensemble, doublant un nombre important de coureurs. Mes jambes sont légères. Pour l’instant, et ce depuis le début, je me sens en super forme.

Des éclairs zèbrent la noirceur du ciel mais il ne pleut pas. Nous allons peut être éviter les averses suisses annoncées ce matin. Il est 23 h mais il fait encore très chaud. Ceux qui ont enfilé une veste en sortant de Champex la range dans leur sac. Je quitte Dimitrios avant le col, ce dernier devant changer la batterie de sa frontale et ne voulant pas que je l’aide ou l’attende.

Le ravito liquide du Col de la Giète est en fête. Musique tonitruante et feu de bois géant à l’extérieur.

Longue descente vers Trient avec un final casse-pattes dans des marches d’escaliers verticales. Il est minuit. Il y a beaucoup de spectateurs courageux pour nous applaudir et nous encourager.

Après Trient, tout le monde sait qu’il reste 2 grosses difficultés. La montée aux Tseppes et la montée de la Tête aux Vents. J’attaque la première avec un peu moins d’énergie que les précédentes mais, même si j’avance moins vite, je reste combattif. La pente est sévère, elle s’élève rapidement dans la montagne noire. S’en suit la longue descente sur Vallorcine, avec ses larges lacets.

J’arrive à Vallorcine vers les 2h30. Je marque une bonne pause. J’en profite pour changer, par superstition, la batterie de ma frontale. Je repars du ravitaillement, 15’ plus tard, bien reposé.

La transition, le long de la rivière, jusqu’au chalet des Aiguilles Rouges me parait très longue. Plate et longue. Interminable.

Et, là, dans la nuit profonde, mon regard est attiré par une ligne interrompue d’éclats de frontales qui s’élève vers les hauteurs. La Tête aux Vents est là-haut. Tout là-haut. Je m’arme de patience mais j’accuse le coup et ralentit la cadence. Je me colle au cul d’un Espagnol et avance lentement derrière lui jusqu’en haut. En chemin, j’enfile ma veste UD car une bise glaciale s’est levée.

Puis, il nous faut trottiner dans les blocs caillouteux pour finir sur un chemin qui nous mène au point de contrôle de La Flégère. J’y arrive à 5h30. Un verre d’eau et j’entame la descente, la dernière. Je retrouve mes jambes et cours à bonne allure.

6h et quelques, je rentre dans Chamonix. Il y a déjà du monde sur la place du Triangle de l’Amitié.

6h38’, je passe l’arche d’arrivée, épuisé par ces derniers mètres en accélération mais ô combien heureux !... Au final, je mets 30’ de moins qu’en 2009, sur le même parcours, malgré le bouchon du départ.

J’assiste, hébété, à l’arrivée de quelques concurrents, récupère mon sac de délestage laissé à Courmayeur au départ, et pars m’endormir 1 heure dans ma voiture.

 

Cette course m’aura réconcilié avec les ultras. Avec une bonne gestion du départ (même si indépendante de ma volonté), une écoute attentive de mon corps, un respect de l’alimentation carburative, je suis arrivé au bout de cette longue cavalcade autour du Mont Blanc, en prenant un plaisir extrême au fil des kilomètres tant je me sentais bien à arpenter ces montagnes. Tant je me sentais à ma place…

 

100 kms / 6100 m D+ / 21h06’ / 599 ième sur 2100 / 43ième V2H

Bravo à mes compagnons de fortune. À Maeva (24h28’), Dimitrios (22h58’), Giorgos (23h47’), Aristoménis (26h34’) et à mon ami Thanassis qui, lui, était sur l’UTMB (44h42’)

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