LUXE ET SIMPLICITE
Histoire
de « récupérer » de notre samedi sportif, je pars, à 16 h30, en
solitaire, pour une « petite » rando. Destination le Lac des
Cornaches qui se trouve sur le versant beaufortain de la Tarentaise.
Par
cette belle journée anticyclonique, exempte de vent météo, l’envie de renouer
avec le vol m’a titillé.
Sac de parapente au dos, je pars donc de la vallée, du petit village de Langon, des grands champs qui servent habituellement d’atterrissage à ceux qui décollent du site confidentiel de la Tranchée. Montée au Calvaire de Cevins dans l’ombre de la forêt. Puis, route jusqu’à La Ville (village atteint au bout d’1 heure de marche).
Puis, je passe les hameaux du Bourgeois et du Villard (1 h45’). Les
passages au soleil sont harassants. Je me mets torse-nu et m’abreuve aux
différentes fontaines des petits villages traversés me souciant peu des
écriteaux « Eau Non Surveillée ».
Je ne croise pas grand monde,
quelques mamies et papys intrigués par mon gros sac et ma marche enthousiaste.
Mes cuisses commencent à être fatiguées, le sac pèse un peu, des courbatures se
font sentir mais je marche volontiers. Je laisse divaguer mes pensées et
je savoure la tranquillité ambiante. A l’époque où je volais régulièrement,
avec Pascalito, nous montions régulièrement aux Cornaches pour un vol du matin
ou du soir. Mais, nous faisions les ¾ du parcours en voiture et finissions à
pieds (ce qui impliquait une longue navette, après le vol, pour récupérer le
véhicule laissé la haut). J’ai toujours imaginé que je pourrai le faire un jour
en partant d’en bas, de la vallée. Aujourd’hui, je passe à l’action.
Au bout de
2 h22’ de marche, j’atteins la bifurcation vers le Planet. Là, la route se
transforme en piste forestière. J’apprécie l’ombre bienfaitrice des arbres. La
piste s’arrête devant le panneau indiquant la direction du Lac des Cornaches.
Le dénivelé est de suite plus prononcé. Mon pas est lent et régulier. Les
bâtons RaidLight me sont d’une grande aide. Je marche allègrement. Seul souci
: je suis assailli par des nuées de mouches enquiquinantes. Un dernier raidillon me conduit
au lac calme et désert, blotti sous la pointe de la Tournette.
J’arrive là-haut
à 19 h30, après 3 heures de marche et 1 350 m de D+. Je m’allonge, finis
ma gourde, grignote une barre d’abricot Décathlon et admire la vue sur le Col de la
Bathie, sur les Ardoisières de Cevins et sur Albertville. Le soleil décline, la
brise montante, nécessaire à un bon décollage, aussi. J’étale mon parapente
avec un petit pincement au cœur car, la dernière fois que je l’ai utilisé remonte
à l’automne dernier. Le terrain d’envol est sauvage, envahi par les hautes
herbes. Je me prépare, casque, gants, veste, sellette. Un petit coup sec sur
les « avants ». La voile, pas rancunière, se lève à la perfection.
Deux petits pas en avant et je me retrouve en l’air.
Je file vers le canyon de Bénétand, haut-lieu en souvenirs lui aussi. Je survole la longue route qui m’a conduite jusqu’au décollage avec un brin de satisfaction. La descente en volant est reposante (cuisses, genoux, dos) et ludique. Au dessus du village du Villard, je salue les anciens croisés à la montée. A entendre leurs cris, ils ont l’air heureux pour moi… 20 minutes de vol dans un air d’huile, sans secousse aucune. Seuls les 200 derniers mètres seront un peu agités, le vent de vallée, encore soutenu, me maintient de longues minutes en l’air devant la Vierge de Cevins. Je me pose aux anges dans les champs de Monsieur Bonvin (Mr Bonvin est un paysan du coin qui invectivait tous les parapentistes qui se posaient là en leur criant des « allez mourir ailleurs que sur mes terres, bande de tabaré !... »)
Voila un vol-rando écologique qui aurait plu à Manu Bonté, adepte de ce genre d’activité. La SIMPLICITE, c’est la marche, la gratuité de l’effort physique engagé. Le LUXE c’est d’avoir le privilège de pouvoir s’envoler, tel un oiseau, et planer au dessus des montagnes et des forêts…
RECOMMANDE PAR COURPATAS
PARAPENTE SAUVAGE de Manu Bonté.