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10 avril 2013

TRAIL DE LA SAINTE-VICTOIRE, EDITION 2013

Météoblue annonçait un temps ensoleillé sur toute la Provence pour le dimanche à venir. Difficile à croire vu la pluie qui tombait sans discontinuité sur Marseille la veille…

P1010150-MiNi

Et pourtant, au réveil, l’ambiance est fraîche, le fond de l’air humide mais il ne pleut plus. J’arrive à Rousset vers les 8 heures. Zut ! J’ai raté le départ du 60 kilomètres et, du coup, les quelques collègues du MTC qui s’y sont alignés…

Retrait du dossard, café tiède, repérage du tracé du « Parcours Cézanne », retrouvaille de JP et Josette, rencontre avec d’autres membres du MTC dont BambiP.

Je me suis aligné sur cette course avec un objectif bien précis : tester mon genou gauche. Une IRM passée en mars a mis en évidence une « fissure complexe de la corne postérieure du ménisque interne » (c’est ce qu’il y a inscrit sur le compte-rendu), lésion  que mon médecin me déconseille de faire opérer…). Il va me falloir gérer en même temps douleur et fatigue, si douleur et fatigue il y a bien sûr… Pour cela je décide (pour la première fois de ma vie) de courir avec mon cardio-fréquencemètre afin d’essayer de rester dans des plages d’allure raisonnables. Je strappe (effet psychologique) mon genou et, une fois n’est pas coutume, je  m’échauffe en peu avant le départ. Les 35 kilomètres de ce trail ont la réputation d’être roulants (1 300 m D+), aussi vais-je devoir me ménager si je ne veux pas trop de souffrir.

Tout ce que j’entreprends à partir d’aujourd’hui, je le fais avec l’arrière-pensée du SoluKhumbu trail qui aura lieu en novembre. Chaque étape, chaque préparation, vont être des marches qui vont me conduire à cet ultra d’exception. J’ai posté l’inscription la semaine dernière et viré le premier acompte, donc plus de marche arrière possible…

9 h. Le départ est donné. Il fait un peu frais. Je fais les premiers kilomètres avec un coureur qui est accompagné par son border-collie. Ce dernier est incroyablement bien dressé, il reste tout le temps derrière son maître. J’imagine mal le mien en faire autant… Une petite boucle dans le village de Rousset permet aux plus rapides de prendre de l’avance. Dès que l’on attaque les chemins du plateau du Cengle, des bouchons se forment et nous marchons à la queue leu leu pendant un bon moment.

Les pluies de la veille ont détrempé le sol qui n’est que boue couleur rouge sang et flaques d’eau troubles. Les chaussures se chargent et s’alourdissent.  Je trottine jusqu’à la Maison de la Sainte Victoire où m’attend un Comité d’accueil (ma fille, ma femme, ma mère, mon frère et Dawa… pas Sherpa mais mon chien qui râle de ne pas pouvoir courir à mes côtés !...).

Ravitaillement, seulement liquide. La chape nuageuse qui emplafonnait le site commence à se déchirer. On entraperçoit des parties de la muraille. Une trouée laisse apparaitre la Croix de Provence qui semble suspendue dans les airs. Le calcaire, éclairé par un soleil encore non visible, brille de mille feux. Nous rejoignons le refuge Cézanne. Ma belle-mère et mon beau-père, postés sous les oliviers, m’encouragent généreusement.

Le parcours est, en effet, assez roulant. Les raidillons sont relativement courts et la récupération peut se faire dans la foulée. Je me sens physiquement bien, aucune douleur au genou, à peine une légère sensation.  Je me sens bien mais je veille à ne pas m’enflammer en regardant régulièrement le cadran de ma montre. Le ciel s’éclaircit de plus en plus ; le bleu prend l’avantage.

L’ambiance est toujours aussi conviviale. Je ne me lasse pas de cet esprit paradoxal de non-compétition  où nous ne courons pas contre des adversaires mais avec des camarades de route ; où la course se fait contre soi-même et non contre les autres. Je discute avec des gars de Bandol, de Gardanne, d’Aix et même un Savoyard…

Nous arrivons au barrage Bimont. Ses eaux bleu turquoise rendent le paysage magique. Un petit chemin aux roches glissantes s’élève vers le Pas de l’Escalette, point culminant de la course. J’accélère un peu le rythme, entrainant derrière moi quelques coureurs. A l’Escalette, le FCC (Fan Club Courpatas) au grand complet m’acclame comme si j’étais en tête...

CCD  TSV2

Nous sommes au 20ième kilomètre.  Petite pause et descente, comme un cabri, vers le Refuge Cézanne entre les rochers et les nombreux marcheurs et parapentistes  qui montent à la Croix de Provence. En bas de la descente, une crampe terrible et inattendue me lacère le mollet gauche. Une crampe si violente qu’elle m’oblige à m’arrêter net et à m’étirer de longues minutes. J’arrive à peine à poser le pied au sol. Je suis un peu désemparé car c’est la première fois que j’ai une crampe. La douleur passe assez vite mais je sens que la contracture n’est pas loin et qu’elle peut resurgir à tout moment. Je marche en développant bien la voute plantaire jusqu’au refuge Cézanne. Là, je me remets à trottiner en ne me concentrant que sur mon mollet. Cette crampe est ce qui pouvait m’arriver de mieux. Je focalise mon attention sur elle ou plutôt sur son risque de survenance et j’en oublie tous mes autres bobos. Me revient en tête ce proverbe chinois, pourvu de bon sens, « Si tu as mal au bras, mets-toi un coup de bâton sur la tête et, tu verras, tu n’auras plus mal au bras… »

Je double plusieurs éclopés assis sur le bas-côté et je rejoins un coureur qui trottine lentement lui aussi. Il m’avoue être en proie à de nombreuses crampes depuis le Pas de l’Escalette. Le gars est un marathonien qui fait là son premier trail. Habitant en Charente Maritime, il me raconte qu’il ne fait pas beaucoup de dénivelé dans ses entraînements si ce n’est des séances d’escaliers à la Mairie de son village. Apparemment, il a une grande habitude et expérience des crampes. Il me fait un exposé sur la question, me donne un tas de conseils pour prévenir leur apparition, me passe en revue toutes précautions à prendre ; en me précisant bien que rien n’était garanti à 100%. Nous cheminons ensemble à allure modeste jusqu’au ravitaillement de la Maison de la Sainte-Victoire.

P1010195-MiNi

Là, je cours quelques mètres (10 ou 15, pas plus) en compagnie du Savoyard Olivier Brun qui est dans les premiers du 60 kilomètres. Il court comme un lapin (il finira second !).

A l’ombre d’un arbre, une calèche attelée à deux ânes de Provence attend d’éventuels touristes à promener dans le massif. J’ai une pensée amusée pour Spyridon Bélokas, l’athlète grec qui avait été disqualifié du Marathon des Jeux Olympiques d’Athènes de 1896 pour avoir fait une partie de parcours sur une charrette… Je résiste à l’envie de monter dans cette carriole. Crampe ou pas, je ne voudrais pas me faire disqualifier si près du but…

Pour casser la monotonie des derniers kilomètres sur le DFCI, je visse les écouteurs du MP3 dans les oreilles et envoie le dernier Dépêche Mode. J’arrive à tenir un bon rythme de course jusqu’aux vignobles qui bordent Rousset . Des odeurs de grillades bondissent par-dessus des murets et viennent me titiller les narines.

L’Ambit affiche 34 kms. Il ne reste qu’un petit kilomètre à couvrir. L’euphorie du moment me fait accélérer malgré moi mais cette saleté de crampe ne semblait attendre  que cet élan d’impétuosité pour  refaire surface. La sanction est immédiate. Ce n’est pas un mais deux mollets qui se tétanisent sous l’effet de ce semblant d’accélération…

Qu’importe… je passe l’arche d’arrivée au son des acclamations des nombreux MTC. Dans mes oreilles vrombit le titre «Secret of the end »…

BambiP et Jean-Pierre sont arrivés depuis belle lurette. Ils ont mis respectivement 3h37’ (22ième place) et 4 h09’ (62ième). Ils sont déjà douchés, cocalisés et paindépicés.

Paul  (8ième), suivi par Flo (13ième) et Jean-Marc (27ième) terminent brillamment le 60 dans le Top 30. Perrine (56ième, 4 ième féminine). De sacré(e)s  costaud(e)s !...  Moi, je finis en 4 h54’, à la 153 ième place (sur 290 inscrits environ).

Mon genou m’a laissé relativement tranquille… tous les espoirs sont permis pour le SoluKhumbu… Mais, en rentrant, il va falloir que je prévienne mon voisin et partenaire d’entrainement - Capitain Cavern - que, pour le Trail de Faverges, il va falloir s’entrainer un peu plus et aller « tâter du Corbeau » (*)…

 

(**) Expression locale qui n’a rien de zoophile. « Tâter du Corbeau » signifie : faire la boucle « Esserts Blay (notre village) / Dent du Corbeau / Esserts Blay ». 

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Commentaires
C
Et bien voilà, il était donc bien beau ce premier trail de la saison !<br /> <br /> Pour les crampes, pas de souci, j'ai eu les mêmes ce soir (les premières depuis des années). Pareil, les deux molets en même temps :(<br /> <br /> Pour les retrouvailles des Courpatas, il va bien falloir attendre, encore de la grosse neige à la Duit (et il manque encore plus de 1000mD+)
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